Récit d'une journée à Tomorrowland 2019

Le samedi 20 juillet nous étions une journée à Tomorrowland, qui s’est déroulé du 19 au 29 juillet.

L’occasion pour nous de découvrir ce festival mondialement connu et de faire découvrir aux néophytes le déroulement de cet event.

On vous fait le topo !

Rappel

Le festival Tomorrowland a été créé en 2005 par les frères belges Beers et est détenu à 50% par l’organisateur hollandais ID&T. Plusieurs déclinaisons ont eu lieu avec TomorrowWorld aux USA, Tomorrowland Brésil et depuis cette année Tomorrowland Winter à l’Alpe d’Huez.

Tomorrowland est à la musique électro ce que Woodstock est au Rock ou encore ce que le Hellfest est au Metal. C’est la Mecque des ravers, une destination incontournable, presque un Graal tellement les places sont difficiles à obtenir. Après une vente réservée au public belge, une vente internationale est mise en place début février après que l’on s’est pré-enregistré en ligne. Car la vente n’est possible que sur Internet et il faut être rapide. Chacun des 2 pass 3 jours (Full Madness Pass) a été sold out en 30 minutes cette année.

Quelques jours avant l’event les festivaliers reçoivent leur billet qui est en fait un bracelet avec une puce. Il est placé dans un écrin collector : c’est le Treasure Case. Cette année il s’agit d’une boîte fourreau à l’aspect velours qui renferme le bracelet à l’aspect cuir, une map, une carte postale et un livre rempli de goodies. Autant dire un produit dérivé de toute beauté.

Une organisation imbattable

L’événement se déroule à Boom à quelques kilomètres d’Anvers. L’ouverture des portes est à 12H et la fermeture à 1H. Nous arrivons en voiture dans la ville peu après 11H. La police fait la circulation à un carrefour et nous nous attendons bien sûr à faire une queue interminable avant d’accéder au parking. Mais non ! Incroyable nous n’avons pour ainsi dire aucune attente. Nous arrivons à un point de contrôle où nous présentons notre billet de parking et on nous dirige vers la parking 2 (il en existe 9 selon les pancartes). Plusieurs stewards nous dirigent, et nous finissons par atterrir sur un lieu de stationnement improbable sur le trottoir d’une zone industrielle avec des habitations à côté. S’ensuit une très longue marche piétonne jusqu’à l’entrée réelle du festival. Nous constatons tout du long que des barrières guident la plupart du trajet avec des sacs poubelles partout. Visiblement la mairie ne lésine pas sur la propreté. Nous voyons aussi quelques toilettes transportables. Nous passons sous un pont de chemin de fer, traversons une quatre voie et arrivons au centre-ville. Nous nous rendrons compte plus tard que l’entrée est en fait à l’opposé de notre parking. De nombreux drapeaux de la Tomorrowland sont accrochés aux fenêtres des riverains et même suspendus à des mâts.

Après 30 minutes de marche nous arrivons à hauteur d’un premier portique siglé Tomorrowland. Il s’agit en fait d’une distribution de pochettes plastique transparentes pour y mettre les objets qui ne passent pas au détecteur de métaux et les liquides, comme à l’aéroport. Plusieurs minutes après nous arrivons à un point fouille. Un impressionnant dispositif est mis en place. D’un côté des barrières les visiteurs, de l’autre les policiers avec des chiens renifleurs. Il faut passer les sacs de ce côté par terre pour que les chiens s’assurent qu’il n’y a pas de substances illicites et surtout d’explosifs. Puis le passage au détecteur de métaux. Nous avons cependant trouvé un peu étrange que certaines personnes ne soient pas obligées d’ouvrir leur sac, simplement en répondant qu’elles n’avaient pas de bouteille. Plusieurs mètres après, un DJ mixe dans un décor des 15 ans de Tomorrowland devant un immense barnum lui aussi thémé.

Le ton est donné, la déco ne sera pas minimaliste comme on s’en doutait. Sous le barnum a enfin lieu la présentation des tickets ou plutôt la validation des bracelets. Passé cela, nous y sommes enfin !

Après un petit tour aux lockers juste en face, nous empruntons un chemin sinueux sablé qui descend au festival. Des guirlandes électriques le bordent. Un premier point Drink se tient là au détour d’un virage. Après 10 minutes de marche nous arrivons au pied d’un dirigeable qui tourne sur lui-même où l’on trouve notamment le point info. A partir de là nous verrons toute la journée de nombreux personnels de sécurité. Plusieurs coins First Aid sont dissimulés derrière le décor mais signalés. Des caméras surveillent le parc ainsi qu’un hélicoptère en continu. Pour le Mainstage en revanche nous avons trouvé que ça manquait un peu de personnel pour assurer notre sécurité, surtout le soir pour le end show où les gens s’entassaient quitte à risquer leur propre sécurité.

Le souci du détail

Il y a une chose qui à elle seule mérite le déplacement à Boom, c’est le sens du décor. Le lieu est un grand parc traversé par un lac. Plusieurs mois durant, les organisateurs préparent la prochaine saison. Des baraquements sont construits, des tapis d’herbe sont posés, des arbres sont plantés, des ponts installés, des tonnes de sables versées et tassées, des scènes en dur montées.

Absolument tout est customisé et les décors se veulent féériques, appartenant à une mythologie magique qu’y s’est créée d’elle-même au fur et à mesure des éditions.

Au pied du chemin pentu de l’entrée du parc on accède à une allée bordée par des colonnes surmontées de vasques enflammées. Elle débouche sur le point info où l’on récupère des cartes du festival pliantes et cartonnées. On découvre plus loin que les baraques sont harmonisées, par exemple les espèces de chalets qui vendent boisson et nourriture sont identiques partout. Les TML shops sont quant à eux faits de planches avec des lierres et des papillons. Dans l’eau, des nénuphars crachent des jets d’eau. Des brumisateurs bordent les ponts qui sont agrémentés d’arceaux de fleurs. Les chemins sont longés par des poteaux stylisés où sont suspendues des centaines de lampes à l’allure magique. Les tables à côté des lieux de restauration sont abritées par des tentures de forme florale aux couleurs exotiques. Des planches de ponts sont gravées avec des maximes musicales.

Des happenings ont lieu dans différents lieux. Il s’agit de performers dans des tenues s’apparentant aux thèmes du cirque et des livres (éditions 2017 et 2019). Un théâtre fabuleux de plein air livre un spectacle surréaliste. On y pénètre après avoir laissé un mot sur un livre grâce à la plume tendue par des dames sur échasses. Une échoppe postale est mise à disposition de ceux qui veulent envoyer une carte à leurs proches. Des artistes déambulent avec un vélo qui fait des bulles…

A la nuit tombée, tout prend une autre dimension encore plus fantasmagorique. L’étendue d’eau baigne dans des lumières pastel et à certains endroits des faux poissons crachent des flammes. Les nénuphars changent de couleur et les lampes à imitation incandescente font briller leur filament orangé.

Les scènes

Pas moins de 17 scènes occupent l’espace. Certaines sont sur la terre et d’autres reposent tout ou partie sur des barges, à l’image de la Casa Corona dont les dimensions sont anecdotiques et lui confèrent le charme d’un petit club flottant entouré de palmiers. Pour y entrer il faut cependant arriver avec une bière à la main puisque tel est le concept de ce mini-stage, danser avec une mousse !

Non loin émerge du lac une queue d’animal fantastique, c’est l’arrière du dragon de la scène Rose Garden. On se rendra compte au fur et à mesure de la journée que les stages prendront de plus en plus vie. Par exemple en ce début de journée le corps et la tête du dragon sont immobiles. Puis les yeux rouleront dans leurs orbites, la tête bougera, la gueule s’ouvrira, de la fumée s’en échappera et le soir la queue dans l’eau sera parcourue par des flammes. L’intelligence de cette scène, en plus de la prodigieuse mécanique, réside dans les ailes qui servent de tonnelle et de paravent sonore pour limiter la propagation du son sur le lac.

En face c’est la scène Freedom, la plus aboutie à notre avis. A l’extérieur une évocation d’un automate musical géant. Une main coulisse sur un piano dont les touches s’enfoncent, une baguette pivote sur un xylophone, une autre main semble jouer de la lyre, le tout au milieu de mécanismes et rouages entourés de fleurs qui tournent comme des éoliennes. Très réussi.

Mais ça ne s’arrête pas là. Quand on entre on découvre une grande salle avec un étage en balcon. Plusieurs bandes d’écrans LED sont accrochées au plafond (serait-ce la raison de l’effondrement que subira le toit quelques jours après ?) et elles forment comme les rayons du soleil en partant vers le fond de la fosse. 2 bandes d’écrans LED parcourent le balcon. Concernant la scène du DJ, elle est faite surtout d’un écran géant où est logé par transparence tout un mur de lumières. Mais ce qui nous a réellement séduits par son originalité c’est un dispositif tentaculaire de 18 rampes motorisées au-dessus du desk, comportant lumières, LED et blinders, et se déployant dans différentes figures algorithmiques au-dessus du DJ et des spectateurs des premiers rangs. Une prouesse à la pointe de la technologie qui a fait principalement le show durant le set de Paul Van Dyk.

Plus loin dans un espace légèrement à l’écart du lac, la scène Q-Dance qui n’est autre que la scène UV de la dernière Defqon 1. Il s’agit sobrement d’une structure métallique évoquant une épée plantée dans le sol, avec le DJ booth au pied, une petite structure pyramidale et des écrans de part et d’autre. Un poil décevant quand on connaît la beauté de certains stages Q-dance. Malgré tout le pylône-épée sera une parfaite rampe de lancement pour l’honorable mais court feu d’artifice du endshow. Le terrain est plus large que profond, et pour apprécier au mieux le show et le son il convient de se placer au fond sous les tentures.

The Harbour House représente un phare vintage. Il est placé sur une langue de terre et les festivaliers dansent sur une piste étroite entourée d’eau. Cette année une soucoupe volante est encastrée dans le décor, probable spoiler au thème de l’an prochain comme nous le verrons plus tard.

La Rave Cave est le lieu le plus cocasse. C’est à la base un petit tunnel sous une colline qui a été bouchée à une extrémité pour former une cave. A peine quelques dizaines de personnes tiennent dedans.

Au-dessus c’est la scène Cage ou plutôt la discothèque Cage. Il faut emprunter un escalier dans le noir pour découvrir un espace carré climatisé dont les proportions et la disposition ont pour but de donner l’illusion d’une boîte de nuit.

La Kara Savi remplace la scène Tulip des années précédentes. Elle représente un coquillage posé sur le sable. Le lightshow est quasi inexistant mais l’atmosphère donnée par le sable sous les pieds est appréciable dans des conditions estivales.

Le grand chapiteau du festival accueille la scène Atmosphère qui semble dotée d’un gros potentiel visuel mais dont nous ne voyons littéralement pas la couleur au moment d’y passer dans l’après-midi.

Leaf est cachée au détour d’un ponton et il s’agit plus d’un bar dansant qu’autre chose, tout comme Moose Bar, que nous ne voyons même pas tellement il est caché dans une impasse sur la route de Dreamville, le camping.

Youphoria fait allusion à des champignons hallucinogènes par le biais de sa douzaine de champignons géants aux tons rosés. Le soir, un écran LED diffuse des images qui entrent en écho avec le décor et on ne sait plus très bien ce qui réel et ce qui est projeté.

L’Orangerie est un gigantesque barnum qui imite une serre avec des vitraux colorés par des arabesques. On notera surtout que ce décor est tout nouveau puisqu’issu de la TML Winter.

Il faut du courage pour se rendre à la scène Core. L’accès nécessite d’emprunter des escaliers et un tunnel, à la manière de ces ponts piétons des aires qui enjambent les autoroutes. On se retrouve dans un coin isolé dans les bois, moins bondé et agréable. On ne sait pas trop ce que représente la scène, sorte d’accordéon ou de mille feuilles de bois qui s’accorde très bien dans son environnement. Problème : le segment qu’il faut utiliser bouchonne et l’on se coupe trop du reste du festival.

Le Puy du Fou aurait-il inspiré Tomorrowland ? A moins que ce soit la fontaine du Bellagio à Las Vegas ? Le spectacle que donne The Garden of Madness est impressionnant. Un bassin entoure la scène et des jets d’eau se dressent sur plusieurs mètres de hauteur et dansent sur la musique. La nuit le spectacle devient plus majestueux encore grâce aux changements de couleurs des jets d’eau, aux rayons de lumières qui s’y reflètent et aux lasers qui les transpercent. Nous ne pouvons pas nous y attarder mais cette scène féérique est clairement au programme d’une prochaine visite.

Le Mainstage de Tomorrowland Winter s’est vu dépouillé de ses cristaux de glace et autres effets hivernaux afin de devenir une nouvelle scène de la Tomorrowland Belgium. Elle est rebaptisée Lotus, en référence aux lotus perchés tout en haut et qui faisaient le thème de la version hiver nommée The Hymn of the Frozen Lotus. Ces lotus se déploieront dans la journée pour finalement cracher des flammes. La scène possède d’augustes dimensions et les écrans latéraux donnent l’illusion d’une grande fontaine avec des statues aux allures gréco-romaines.

Le Mainstage

Tomorrowland a pris l’allure qu’on lui connaît depuis 2012, The Book of Wisdom, où le Main était composé de livres géants. Pour les 15 ans, les organisateurs ont tenu à rendre hommage à cette édition phare en renouvelant le décor des livres, d’une taille cette fois plus modeste, mais beaucoup plus nombreux, s’inscrivant dans le registre d’une bibliothèque de souvenirs.

Si de loin ça n’est véritablement ni très joli ni très coloré, avec une dominante de marron, on savoure néanmoins les détails en s’approchant. Chaque édition est représentée sous forme de livre ou autre. On découvre au détour d’une page ou d’une tranche un coquillage, un arbre, une clé, et même un train à vapeur qui se met en marche deux fois par jour pour l’ouverture de deux sets.

Si les couleurs manquent un peu de vivacité c’est qu’elles s’inscrivent dans une volonté vintage de vieille librairie où le cuir domine, avec des marches elliptiques, où l’on percevrait presque l’odeur du bois et de la poussière. Ici les détails sont légion et la patine confère un aspect peut-être trop terne à une Mainstage que d’aucuns auraient souhaité plus colorée pour cette célébration d’anniversaire. On se console avec le plaisir de promener le regard partout pour découvrir notamment des livres de taille normale rangés derrière le DJ, quelquefois qu’il s’ennuie !

On apprécie les balcons torsadés de la bibliothèque. On s’émeut en apercevant un ouvrage posé au-dessus de tous les autres, portant le nom Tim Bergling en hommage à Avicii.  On jubile en voyant les références au passé, ainsi qu’à l’évocation de la probable future édition avec un livre présenté comme un tome 20, intitulé Pyramids from Space avec des dessins de pyramides et une soucoupe volante, comme pour l’ajout sur le Harbour House. Peu de doute sur le thème 2020 donc. A 17H, heure du début du streaming vidéo, 3 livres rangés sur la tranche dans le décor glissent de leur étagère et s’ouvrent, dévoilant chacun un double écran comme pour le livre de 2012. Des images défilent et les pages semblent se tourner, présentant pour chaque DJ un thème des années précédentes. Sur certains sets un livre posé à l’horizontal se déplie aussi avec un écran en guise de page. Comme cela le Main prend toute son ampleur et l’on constate qu’il était conçu pour être apprécié ainsi, tous écrans déployés. Chaque soir, le end show verra les livres se refermer.

Des performers égayent comme à l’accoutumée les entre-actes. Ils s’inscrivent dans les tableaux des différents thèmes passés. Un trompettiste et des jongleurs pour Amicorum Spectaculum, ou bien des sirènes suspendues à des câbles devant des écrans de bulles pour Planaxis.

Les sets

Pour une première fois à TML on danse peu, on ne profite pas vraiment d’un set complet, on explore le lieu étendu et grandiose. En réalité on butine. On goûte au plaisir de visiter chaque scène, de regarder des happenings, de comparer la qualité audio et visuelle des stages. Certains font le choix de n’aller qu’au Main. Nous trouvons ça réducteur et dommage pour un si grand festival dont aucune scène n’est négligée, si petite soit-elle.

Le son n’est sale sur aucun stage mais nous notons forcément des disparités. La Q-Dance par exemple est légèrement en dessous. Il faut dire qu’elle est encaissée dans la forêt et que le son accuse légèrement de résonance. En revanche cette scène honore sa renommée concernant les invités et les sets. Une valeur sûre pour les amateurs de Hardmusic.

Pour les genres musicaux nous entendons principalement de la House et de la Techno sur les scènes secondaires. De la Trance bien sûr sur la Freedom qui lui est dédiée ce samedi. Nous profitons d’un super set d’Aly & Fila avec peu de monde, bourré d’ID mélodieux. Il faut dire que dès qu’un artiste majeur se produit au Main, la scène qui héberge Shine en pâtit car elle se situe à l’exact opposé, devant la grande roue (qui est gratuite au passage).

Quel plaisir pour nos oreilles de puriste d’entendre des sons des années 90 et 2000 sur un grand nombre de scènes. Nous ne nous y attendions pas, mais à la TML les classics sont à l’honneur. On y entend aisément et parfois plusieurs fois du Cherrymoon Trax, Jones & Stephenson, Southside Spinners, Arman Van Helden, Tiësto, Eric Prydz, Robbie Tronco, Daft Punk, Zombie Nation… et pas que sur le stage accueillant I love 90’s.

On croise aussi de la Prog et de la Psy sur la Youphoria, de la Techno et Tech-House sur Atmosphere et beaucoup de morceaux Minimal et Speed Garage sur les scènes Garden of Madness et l’Orangerie.

Pour le Mainstage c’est sans surprise pour la plupart des DJ qui jouent Big Room, du commercial pourrait-on dire. Ce qui procure du plaisir quand on aime écouter la radio et les Main des autres festivals – quoique certains festivals s’illustrent en ne diffusant pas que des titres connus comme Nature One. Le crédo de la scène principale ici est donc bien de jouer des titres ultra entendus (pour la plupart des sets). Cela apporte parfois un certain dégoût pour des titres joués trop souvent. Et que dire de certains artistes qui, plutôt que de mixer proprement, s’emparent du micro pour hurler en guise de transitions ? Pour nous le verdict est sans appel, il faut y aller pour profiter de l’ambiance, du décor et du lightshow, mais pas pour y découvrir des pépites et des raretés. On est content d’y voir très régulièrement des flammes, des nuées de fumée, des feux d’artifice. Ca fait le show et le job. Ceci dit les artifices manquent cruellement au spectacle de clôture. Le end show utilise des feux de petit calibre, pas des gros mortier, et raconte plutôt une histoire au travers des performers, des lumières et des écrans. Nous nous rendons à l’évidence que le set d’Armin Van Buuren quelques heures précédemment avait visuellement l’étoffe d’une belle clôture, avec des gros tirs en nombre et des formes originales tirées dans le ciel des Flandres, comme des cœurs et des smileys.

Justement attardons-nous un peu sur Armin. Il est de ceux que nous venons voir, inconditionnels que nous sommes. Nous apprécions le show que nous venons de le dire, avec notamment le déploiement des lasers. Mais au sujet de la setlist nous la trouvons sans âme. Cela rejoint notre propos concernant la mainstream music diffusée sur le Main. On assiste à un déploiement de musiques pop et de prétendue Trance. Le week-end suivant on se rendra compte en visionnant le livestream video qu’Armin réservait son réel set Trance pour le stage A State Of Trance.

Nous assistons sur le Main à des bouts de sets de W&W, Dimitri Vegas & Like Mike et DJ Snake, et là aussi ils sont fidèles à ce qu’on attend d’eux sur une scène principale de festival. Les aficionados des sets convenus sont ravis. Une belge s’étonne de notre lassitude. Nous lui expliquons que nous sommes un public difficile. L’authenticité musicale est plus à chercher ailleurs que sur le Main de Tomorrowland. DJ Snake a beau être français, ce genre de son nous irrite les tympans !

Pour l’aspect technique, nous trouvons que le son est bon. Il faut dire que ce stage est situé dans une sorte de cirque naturel, comme un théâtre antique. La scène est en bas et la pelouse pentue et circulaire lui fait face. C’est pratique pour les spectateurs afin d’avoir une vue plongeante. C’est sans doute un aspect qui profite au son, qui ne réverbère pas mais se trouve contenu et calfeutré par le mur d’herbe de la colline, surplombée par des arbres.

Quant à des stages full, nous en voyons trois. La journée il y a la scène Cage dont la file d’attente arrive jusqu’en surface pour le set de Roger Sanchez. L’Orangerie avec aux commandes Charlotte de Witte fait accourir de nombreux spectateurs dont les plus tardifs resteront danser devant la verrière botanique. Le Main déborde de monde à la toute fin, ce qui donne lieu à des comportements inconscients à la limite du mouvement de foule.

Un tarif honnête

Pour peu qu’on aime les objets collector, le tarif des billet est respectable. On peut facilement y retirer 40-50 € pour le coût du Treasure Case et des frais de port. Ce qui donnerait 70 € par jour. Pas si cher que ça au vu de l’augmentation tarifaire subie par les festivals ces dernières années. L’organisation, les DJ de renom et surtout la déco ont un prix. Franchement nous trouvons que le tarif du billet est parfaitement justifié, d’autant que le parcours de combattant qu’il faut franchir pour obtenir le précieux sésame l’inscrit de fait comme un festival élitiste.

Il est évident que les créateurs, que l’on dit millionnaires, ne se font pas une marge extraordinaire avec les billets seul. Ils créent leur profit avec le merchandising et les Foods & Drinks hors de prix. Tout ça se paye avec des Pearls, sorte de monnaie dématérialisée, à 20 € les 12. Soit 3,30 € le verre de Jupiler, 4 € la bouteille d’eau 50 cl et presque 10 € le burger. Ne parlons même pas des alcools forts…

A refaire !

L’impression qui se dégage de notre première visite à Tomorrowland est excellente. Il s’agit du festival le plus agréable auquel il nous a été donné d’assister. Comme d’habitude nous relevons les défauts mais il ne sauraient faire le poids face à cet event mastodonte qui mérite amplement sa renommée. Nous avons hâte d’arriver à la prochaine vente pour tenter à nouveau notre chance et qui sait « gagner » encore une place pour passer un moment fantastique dans un des plus grands et beaux festivals EDM de la planète.

Silvère LOUIS

Passé par l’Eurodance enfant puis par la Techno et la Trance qu’il découvrit à l’âge de 13 ans, Silvère ne lâche plus ce style depuis lors, et ses DJ’s de référence sont Tiësto et Armin Van Buuren.

Reims