Au cœur de l'effervescence du Reperkusound 2024 à Lyon, au son des basses puissantes, nous avons eu le privilège de nous entretenir avec deux figures emblématiques de la scène Tekno : Skone et Protokseed.
Dans cette interview, nous plongeons dans le monde de ces maîtres de la production, explorant leur passion pour la musique électronique au travers de leurs réponses dynamiques.
Accompagnez-nous alors que nous nous aventurons dans les coulisses du Reperkusound, guidés par la créativité et l'énergie contagieuse de Sköne et Protokseed.
Passion BPM : Pour commencer, Sköne peux-tu te présenter rapidement à nos fans ?
Sköne : Je suis Skone et je fais de la musique depuis 6 ans. Je suis DJ depuis un peu plus longtemps. J’ai commencé au bahut avec des amis et j’ai commencé à faire de la musique en mars 2018 avec des morceaux assez mélodiques. C’est ce que j’ai voulu continuer à mettre en œuvre au fur et à mesure des sons que je faisais tout en apportant progressivement un côté plus expérimental notamment avec le duo Silence, que j’ai créé récemment avec Protokseed.
Ton set au festival Reperkusound est dans une heure, comment te sens-tu ?
Sköne : C’est le début d’un long week-end ma foi où on enchaîne le Reperkusound ce vendredi à Lyon, le Skone showcase en collaboration avec Amnexia samedi et dimanche à Montpellier pour l’after. Un gros week-end nous attend mais nous ne sommes pas du tout stressés, tout va très bien se passer ! Nous allons faire un B2B avec Protokseed ce soir, avec des morceaux que l’on connaît, des classiques, sur des sons qui ont bien marché de nos côtés.
Va-t-on entendre “A la poursuite d’un oiseau bleu” ce soir ?
Sköne : Justement c’est une grande question ! Elle est sur la clé USB mais on ne sait pas encore si elle va passer en closing du set car elle est quand même assez longue. Elle me correspond totalement, c’est quand même un délire très personnel cette track. Est-ce que Proto va accepter qu’il y ait 7m30 de mélodique dans le set ? Je ne sais pas. On l'a mise au chaud en tout cas ! Franchement : ceux qui sont là, sauront.
Notre média s’appelle Passion BPM. Peux-tu nous dire à combien de BPM ton cœur bat ?
Sköne : c’est une bonne question, c’est un petit défi ! On va dire 130 ! Si la question derrière est pour le set, alors on va commencer doucement à 150 pour évoluer gentiment vers 170 BPMs à la fin, parce qu’il faut s’amuser !
En ce moment, la santé mentale des artistes revient beaucoup sur le devant de la scène. Vous êtes souvent seul, vous voyagez énormément avec parfois de gros décalages horaires. Comme tu l’as dit, 3 dates en un week-end ! Comment gères-tu toute cette pression, toutes ces dates ?
Sköne : On entend parler de la santé mentale des artistes depuis très longtemps.. Un des faits très marquants est le décès d’Avicii. Enfin, son suicide même (NDLR : Avicii est décédé le 20 avril 2018). C’est un sujet qu’il ne faut surtout pas prendre à la légère ! Pour la première fois de ma vie, j’ai fait un énorme mois en mars avec 12 dates sur 3 continents. C’est la première fois que je vis ça et que je prends vraiment conscience que ce n’est pas un sujet à prendre à la légère.
Je vis cette période comme une grande phase de test. C’est l’occasion de voir comment ça se passe quand on enchaîne autant de dates. Au début, ça peut faire rêver mais il faut quand même garder en tête que le milieu de la nuit peut être destructeur. Il faut savoir quand aller en soirée, quand rentrer. Il faut écouter son corps, c’est très important. C'est peut être contre intuitif mais accepter moins de dates et prendre du temps pour soi, prendre des weekends de libre c’est primordial. Il est souvent compliqué de pouvoir trouver des week-ends de libre parce que j’ai accepté toutes les dates qui venaient à moi.
Après ce mois-ci de 12 dates, c’est vrai que je vais peut-être du coup ralentir un peu la cadence, pourquoi pas aller sur du 6/8 dates, c’est déjà très bien.
Cela peut aussi te permettre de te concentrer sur la production !
Sköne : Oui, tout à fait ! C’est vrai que quand tu passes autant de temps loin de chez toi et de tes machines, c’est très compliqué de pouvoir continuer à produire régulièrement et arriver à garder de nouvelles inspirations. Au final quand tu trouves des inspirations en soirée, tu ne peux même pas rentrer chez toi pour les mettre en application.
Et pour revenir au sujet de la santé mentale, non effectivement ce n’est pas un sujet à prendre à la légère. Je pense que de toute façon à ce niveau là il n’y a pas de vraie prévention qui existe. Ce que je recommande au moins une fois, c’est de faire énormément de soirées pendant un mois et faire un check-up avant/après : regarder comment tu te sens, jauger si ça vaut vraiment le coup et ensuite tu avises.
Merci pour ce précieux conseil. Sur une note plus légère : Quel est le pays où tu rêves d’aller mixer ? Et pourquoi ?
Sköne : L'Islande ! Parce que j’y suis allé quand j’avais 16 ans tout seul, avec un sac à dos pendant une semaine, à faire du stop et en dormant chez l’habitant. Du coup, si un jour il y a moyen de poser une soirée Tekno en Islande, j’y vais directement.
Question qui te définis toi Sköne, tout particulièrement : tes sons regorgent de mélodies, d’où vient cette patte ? Pourquoi il y en a autant ?
Sköne : Il y en a autant parce qu’il n’y en a pas assez ailleurs je dirais ! C’est amusant de trouver de la Tekno mélodique aujourd’hui. En tout cas en 2018 quand j’ai commencé à faire du son, il n’y avait que Le Wanski qui faisait de la Tekno mélodique. Je trouvais qu’il y en n'avait pas assez. C’est pour ça que j’ai commencé à vraiment me focaliser à fond sur ce style. Je me suis vite aperçu qu'il y avait une population qui appréciait la Tekno mélodique comme celle-là. C’est pour ça que j’ai continué.
C’est devenu un plaisir et c’est devenu ma marque de fabrique au fil des années. Je tends à en faire un peu moins aujourd’hui parce que j’ai des nouvelles envies et des nouvelles opportunités pour faire plus d’expérimentations. Mais ça reste quand même la base, vraiment le piédestal, le paradigme. Ce que je fais, c'est de la Tekno mélodique.
[ARRIVÉE DE PROTOKSEED]
Protokseed, même question que pour Sköne au début : peux-tu te présenter rapidement ? Es-tu prêt pour le B2B de tout à l’heure ?
Protokseed : Alors, je m’appelle Protokseed et je produis de la Tekno avec un k pour viser très très large et histoire de vulgariser un minimum.
On a notre petit B2B qui est prévu avec Skone, on a travaillé le set depuis longtemps.
Sköne : Pour être précis, c’est officiellement le 1er B2B qu’on fait ! Et qui a même été négocié avant même la création de Silence !
La scène underground prend de plus en plus d’ampleur, notamment grâce aux réseaux sociaux. Que pensez-vous de cela ? La scène underground est-elle vouée à devenir mainstream ?
Protokseed : En liant Tiktok et la scène underground, ça veut dire qu’il n’y a déjà plus de réelle scène underground comme on l’a connue. On peut littéralement appeler ça du mainstream aujourd’hui. Quand tu vois que Charlotte de Witte joue à l’Ultra de Miami, pour moi on ne peut plus parler de scène underground. Après pour notre plus grand bonheur, la scène se diversifie, c’est hyper positif pour nous et la pérennité du métier et de cette musique. Pour moi, ce n’est pas du tout un problème : je suis content que la Techno gagne en publicité.
Le problème c’est surtout que maintenant il est très facile de sortir une track qui se transforme en banger. Tu prends un vocal, un drop avec un kick un peu gated, du screech et on a la recette de la grande majorité des sons Hard Techno aujourd'hui. Aujourd’hui dans un set Hard Techno, c’est assez compliqué de retrouver quel artiste a fait quel son et on tourne un peu en rond.
Sköne : C’est un peu la rançon de la gloire. De mon côté, c’est vrai qu’il n’y a plus vraiment d’underground. Par contre, si on me demande si je fais de la musique underground, je répondrais que oui.
Protokseed / Skone : Pour nous, la Techno rattrape vraiment l’EDM. Maintenant tu peux remixer n’importe quelle musique un peu mélodique, ce sera bien reçu par le public.
Sköne : On en revient au sujet de tout à l’heure sur la Tekno mélodique. Peut être que j’ai eu la chance d’arriver au bon moment, où les esprits se sont ouverts pour accepter un nouveau style de musique.
Concernant votre duo Silence qui est plus qu’un simple B2B, pouvez-vous nous en dire plus sur la dynamique du projet ?
Protokseed : Au début, nous nous sommes beaucoup cherchés, il fallait qu’on fasse quelque chose d’aussi puissant que ce qu’on fait habituellement tout en étant différent. On a traversé une période de recherche assez longue puis un jour, ça nous a pété, on a réussi à faire un espèce de pattern. On s’est dit : “Là on tient un truc !”
Sköne : Raconte l’anecdote de Crimsone, les 2 intros qu’on a faites : on avait le même pattern !
Protokseed : C’est vrai, à un moment on s’amusait chacun à créer des patterns puis on se les envoyait pour se faire des retours. A un moment donné, on a composé un pattern dans la même tonalité sans s’en parler !
Sköne : Je lui ai envoyé ma démo, il a copié sur Cubase et ça collait trop bien. Toute l’intro de Crimsone, c’est son intro puis la mienne et ensuite le drop. En tout cas, avec Silence, plus on avance et plus on a une ligne directrice qui colle à notre style à tous les deux.
L’un et l’autre, si vous pouviez choisir une chanson pour être l’hymne national de la France, laquelle choisiriez-vous ?
Protokseed : Manhattan-Kaboul d'Axelle Red et Renaud.
Sköne : En vrai, je dirais la Valse à Johan de Fred Guichen qui est une superbe composition d’accordéon qui va chercher dans des notes très exotiques.
Si vous deviez créer un festival tous les 2, comment s’appellerait-il ? Quels artistes inviteriez-vous ?
Protokseed / Sköne : C’est vrai que ça pourrait être un projet ! Mais en vrai, pour l’instant, j’ai une asso “Nocturne” avec qui on a déjà pour projet de créer le “Nocturne Fest” avec en invités toute l’équipe Omnylab, l’équipe Wyres et No-hour aussi. On a une team de potes assez solide, ce serait un gros Open Air sur 2 jours je pense !
Protokseed, tu as récemment publié un remix du titre Cypher de La P'tite Fumée, es-tu souvent inspiré d’artistes Trance ?
Protokseed : Alors justement pas vraiment, on n’a jamais travaillé ensemble même si je les connais. Un jour, Chand m’a appelé et m’a proposé de faire un remix sur Cypher. J’ai été hypé, surtout de bosser sur un son qui ne me ressemble pas à la base et j’ai été bien inspiré directement. J’ai réussi à faire quelque chose qui me ressemble tout en restant dans l’esprit du son original.
Nous tenons à remercier Sköne et Protokseed pour avoir répondu à ces questions lors de cet échange inspirant et bienveillant.
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