IA et musique : Le futur pour le meilleur comme pour le pire ?

Vous aviez certainement entendu parler d'avantage des intelligences artificielles (aussi abrégé en IA) depuis l’année dernière, avec l’utilisation de Dall-E qui permet de générer des images à partir du texte et de ChatGPT, un puissant chatbot qui permet de répondre à de multiples questions et demandes d’un utilisateur. Depuis peu de temps, un grand nombre d'intelligences artificielles se mettent en service sur le web et le secteur d’activité musicale, révé depuis des années, est sur le point d’y passer. Est-ce un bénéfice pour les producteurs de musique ? Est-ce à la portée de tout le monde ? Un danger réside-t-il quelque part ? Découvrons tout cela dans cet article.

Image de couverture générée avec NovelAI


Une intelligence artificielle, pourquoi faire ?

Tout d’abord, une définition rapide de ce qu’est une intelligence artificielle : c’est une technologie qui permet aux machines d'apprendre et de résoudre des problèmes de manière autonome. Elle utilise des algorithmes complexes pour analyser des données et prendre des décisions.

L’intelligence artificielle est très présente dans les jeux-vidéos pour apporter de la vie à des PNJ (personnage non jouable). En jouant en solo, vous avez eu affaire à des ennemis cherchant à vous battre ou des alliés qui viennent en soutien dans votre quête. Ils sont gérés par une IA codée au sein du jeu.

Elle permet de résoudre des problèmes complexes et répétitifs de manière autonome, sans intervention humaine. Elle peut également être utilisée pour améliorer la qualité de vie des individus en développant des solutions de santé personnalisées (certaines applications mobiles le font), des robots d'assistance, ou encore pour développer des véhicules autonomes (exemple: le fameux FSD de Tesla). Une IA peut être utilisée dans de nombreux domaines pour améliorer l'efficacité et la qualité des processus, mais également pour apporter des solutions innovantes.

Elle a été mise en avant dans certains films de science fiction comme “I.Robot” avec Will Smith, un détective qui enquête sur un meurtre qui implique un robot doté d'une intelligence artificielle avancée et bien sûr le très connu “Matrix” avec Keanu Reeves jouant le rôle de "Néo", un Hacker découvrant que la réalité qu'il connaissait n'est qu'une simulation créée par une intelligence artificielle.


Même si le sujet de l'intelligence artificielle, en règle générale, remonte à des décennies, nous entendons parler de plus en plus de l’IA depuis l’année dernière du fait que les performances dépassent nos attentes. Bien qu’elle soit présente au sein de certaines applications mais sans les mettre directement en avant, nous sommes potentiellement sur le point d'assister à une révolution à court/moyen terme (NDLR).

Quelques artistes se mettent au goût du jour

Pour certains producteurs, l'intelligence artificielle, l'essayer, c'est l'adopter !

Au début du mois de février, David Guetta publiait sur Twitter une vidéo d’une performance en live où une track Future Rave contenait des paroles avec la voix d’Eminem : “This is the Future Rave sound! I’m getting often underground!”. En réalité, le DJ Français aurait utilisé Uberduck qui synthétise la voix d’Eminem à partir du texte. Le résultat est stupéfiant. Pour des raisons légales, la track ne sera pas commercialisée.

Linkin Park, un groupe de musique très connu dans les années 2000, est aussi passé par l’intelligence artificielle pour faire un de leur dernier clip vidéo “Lost”. Le site kaiber.ai a été utilisé.

Mais si nous regardons quelques années auparavant, en 2015, un auteur-compositeur français nommé SKYGGE, s'est lancé dans la composition musicale avec l'IA. Pour ce faire, il a utilisé le logiciel Flow-Machines de Sony, qui permet depuis une palette de styles de musique, de générer des mélodies avec l'intelligence artificielle. Dans la vidéo ci-dessous, l'artiste explique comment il a composé "Ocean Noire" avec l'aide de l'IA.

On ne doute pas que d’autres artistes suivront cette tendance pour leurs futures productions !

L’IA et l’art : Le couple qui a la Hype

S’il y a bien un secteur où l’intelligence artificielle a pu se mettre en exergue depuis ces derniers mois, c’est bien avec l’art. La génération d’images avec du texte donne des résultats très corrects même si quelques imperfections sont à signaler. Il est aujourd’hui un peu délicat de comparer une image digitale si elle a été générée par l’IA ou si c’est une image faite minutieusement par un artiste.

Plusieurs services de génération de contenus ont pu voir le jour depuis cette nouvelle décennie. Nous pouvons en citer quelques-uns : Pour la génération d’images on a Novelai, Midjourney, Lexica, Craiyon… pour le texte on a Playground qui appartient à OpenAI, Simplified et pour la musique, on retrouve Mubert, Voicemod, Musenet voir le très impressionnant MusicLM de Google qui n’est pas encore ouvert au grand public au moment de la rédaction de cet article.

Une liste non exhaustive des IA générant du contenu textuel, graphique, audio et bien plus encore... (source : @aaronssim)

“Hey l'IA, génère moi de la musique !”

On en vient au sujet de l’intelligence artificielle et la musique. Vous l’aurez compris, l’idée de créer de la musique en se basant sur un “prompt” (en français : "invite") est sur le point d'être la prochaine étape dans l’évolution de cette technologie. Pour ce faire, il faut faire injecter à la machine des données… beaucoup de données. Une IA ne peut pas générer de la musique sans qu’on lui donne des fragments sonores et qu’elle puisse apprendre de ce qu’on lui injecte.

Pour arriver à faire de la musique générée par intelligence artificielle, il faut 3 ingrédients essentiels :

  1. Un modèle d’apprentissage : Un algorithme complexe très volumineux qui apprend à partir de données (dans notre cas, des pistes de musique et de la voix) pour générer du son;
  2. Des serveurs puissants : la charge de calcul sera très conséquente, surtout s’il y a des pics d’utilisation au risque de se retrouver avec d'énormes ralentissements, voir un accès impossible au service;
  3. De l’imagination : l’utilisateur devra toutefois utiliser sa créativité pour que la machine génère la musique comme demandée par la personne, comme ça l’est pour les images (principe du “Prompt Engineering”).

Nous avions évoqué dans la seconde partie de l’article certains services proposant de générer de la musique avec l’IA. Nous avons testé Mubert, où le site propose de générer plusieurs genres de musique dont le Gabber, à notre étonnement. La track générée est à 170BPM, l’ambiance fait plus penser à un son qu’on entendait dans certains jeux de course japonais des années 90-2000. Le résultat est correct sans que ce soit une révolution. Vous pouvez tester gratuitement cette solution, le téléchargement de la piste nécessite la création d’un compte.

L'interface de Mubert avec deux tracks Gabber générées.

Nous avons par la suite testé un autre service nommé soundraw.io. L’interface nous permet de sélectionner l’humeur de la future piste, le tempo (lent, moyen, rapide), le genre, les instruments à entendre et la longueur. Une fois les paramètres renseignés, une liste s’affiche après quelques secondes contenant des musiques générées par l’IA. En cliquant sur une track qu’on veut écouter, nous pouvons jouer avec l’intensité de la musique sur des plages de 5-7 secondes, en allant de “Low” à “Very High”. On se retrouve à un résultat quasi identique que Mubert.

L'interface de Soundraw.io

D’autres outils existent et de nouveaux vont émerger, plus sophistiqués. Les projecteurs sont tournés vers Google où récemment, un article est publié sur le GitHub de Google Research, mettant en avant leur future intelligence artificielle génératrice de musique nommée “MusicLM”. Cet outil permet depuis un texte de générer des sons. Plusieurs exemples sont disponibles à l’écoute et le résultat est plus que correct. Il sera possible de combiner plusieurs paramètres comme ajouter de la voix, changer progressivement l’humeur de la musique et d’autres options pour arriver au résultat souhaité.

Impressionnant… et inquiétant ?

Les vertus de l'IA sont multiples : elle peut donner plusieurs idées à des artistes si l’inspiration n’est pas au rendez-vous, d’expérimenter des nouveaux sons, de produire plus vite en quelques clics. Cependant, plusieurs questions se posent sur l'utilisation de cet outil très sophistiqué.

Au début de l'année 2023, plusieurs artistes de la plateforme ArtStation, site web pour publier des images digitales/3D ont protestés contre l'émergence des IA générant des images, en publiant des panneaux affichant la phrase "NO TO AI GENERATED IMAGES" ("NON AUX IMAGES GÉNERÉES PAR L'IA"). Il y a plus de 7000 images à l'heure où nous écrivons cet article.

Un aperçu de la protestation des artistes sur ArtStation

Si les artistes peuvent bénéficier des technologies d’intelligence artificielle pour créer plus efficacement, cela risque de nuire à la créativité et à l’authenticité de l’art. De plus, il existe un risque de « désinhibition » de l’artiste, qui peut être tenté de se reposer sur ces technologies pour produire du contenu. Cela peut également entraîner une baisse de la qualité et la perte de l’identité artistique.

Il faut aussi noter qu'il y a un risque de concurrence déloyale entre les artistes qui utilisent ces technologies et ceux qui ne le feront pas et la question de la propriété intellectuelle se pose. Si un artiste décide de travailler avec une IA pour créer une œuvre originale, qui est le propriétaire de cette œuvre ? Est-ce l’artiste ou la plateforme de l’IA ?

Est-il moral de créer des œuvres d'art avec une machine et de les vendre à des fins commerciales ? Est-ce que cela diminue l'importance de l'art et de la créativité humaine ? Ces questions ne sont pas à prendre à la légère et méritent d'être examinées de près afin de s'assurer que certains artistes ne soient pas exclus et que l'intelligence artificielle est utilisée à bon escient.

Le 22 décembre dernier, Mat Zo, un DJ et producteur de musique électronique Londonien, a publié un tweet sur ce sujet. Dans ce tweet, il affirme que cela poussera certaines personnes à travailler plus dur pour développer leur propre style de musique. Il ajoute que ceux qui craignent l'IA pourraient en fait bénéficier de cette concurrence accrue.

“Tout ce que l'art et la musique générées par l'IA vont faire, c'est que certaines personnes vont travailler plus dur pour faire des trucs de fou et avoir un style reconnaissable qui ne ressemble à rien d'autre. Si vous avez peur de l'IA, tant mieux, peut-être qu'elle vous fera sortir de votre complaisance”.

Conclusion

En résumé, l'intelligence artificielle a le potentiel de révolutionner la production musicale en offrant de nouveaux moyens pour les artistes de créer de la musique rapidement et efficacement. Pourtant, son utilisation soulève des questions éthiques importantes concernant l'authenticité, la créativité et la propriété intellectuelle des œuvres produites. Il est donc essentiel d'examiner de près les implications de cette technologie pour garantir que de continuer à valoriser et à protéger l'essence même de l'art et de la créativité humaine.

En fin de compte, l'IA offre de nombreuses opportunités pour la production musicale, mais elle doit être utilisée avec précaution pour éviter que les avantages ne viennent aux dépens des artistes et de leur travail.

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Geek de naissance, photographe amateur et rêveur en écoutant de la Techno Melodique.

Lyon