Nous avons assisté à la dernière édition de Transmission Festival à Prague et autant dire que le cru fut exceptionnel. Nous vous faisons revivre cet event haut en couleurs !
La Transmission, comme on l’appelle en France, est un événement à ne pas rater pour tous les amateurs de Trance et de beau show et tout particulièrement de lasers, ce qui lui vaut d’être considéré par beaucoup comme le Qlimax de la Trance.
Précédentes éditions
Ce 12 octobre était la treizième année que cet event indoor se produisait dans la capitale tchèque. Depuis 2006, celui-ci a changé de visage et de nom pour s’exporter à l’international, passant de Transmission à Transmission Festival. D’un premier export dans le pays voisin, la Slovaquie, le test fut si concluant que le show allait ensuite se produire en Australie, en Thaïlande, en Allemagne, en Chine et en Indonésie. Nous avons assisté par le passé aux éditions praguoises 2013, 2014, 2015, 2017 ainsi qu’au stage implanté au Airbeat One Festival en Allemagne en 2018 qui nous avait laissé un souvenir mitigé tant le concept Transmission peinait à trouver son public sous un chapiteau qui ne pouvait exploiter le gigantisme d’un concept taillé sur mesure pour une salle en dur. Nous avons pu donc comparer les évolutions du plus célèbre festival Trance de République tchèque qui semble avoir trouvé en la sublime ville de Prague un écrin parfait au cœur de l’O2 Arena.
Une organisation améliorée
Cette année, la Transmission n’a jamais aussi bien marché en terme de vente des billets. Après quelques semaines seulement le festival était sold out. Il faut dire que la salle qui l’accueille ne contient que 18000 personnes en jauge pleine, et le dernier étage de gradins n’était pas accessible comme chaque année d’ailleurs. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, décision avait été prise de ne pas remplir la salle et l’expérience s’en est trouvée améliorée face à l’an dernier où un sérieux problème de sécurité avait obligé à limiter le remplissage, et à refouler des gens quelques heures après l’ouverture des portes. Cette fois-ci le dancefloor était rarement plein à craquer et il était toujours facile de trouver de la place devant le DJ desk ou en fond de piste.
Quant aux lockers de l’an dernier, ils étaient en pénurie au bout d’une heure, poussant les festivaliers à laisser leurs affaires à même le sol où sur les casiers. Cette année l’entrée s’est faite sereinement et rapidement, avec toujours un contrôle des sacs aux rayons X et une gestion fluide des visiteurs avec les codes-barres sur les tickets. Beaucoup de personnes avaient loué à l’avance un locker sur la plate-forme Paylogic et il suffisait de se rendre directement à son casier avec son code envoyé la veille par mail. Plusieurs milliers de casiers ont été installés pour satisfaire la demande. Aussi il est toujours plaisant de profiter d’un locker accessible durant tout l’event, à l’inverse d’ASOT par exemple.
Le décor, la lumière, le son
Le thème de cette année était « another dimension ». La bande-annonce nous avait teasés une conquête de l’espace à la recherche de nouvelles dimensions, d’une autre vie, et finalement une quête métaphysique à la manière de 2001 l’odyssée de l’espace. C’est donc sans grande surprise que nous avons découvert lors du warm up une scène imitant un vaisseau spatial de l’intérieur, avec 5 sas fermés et des hublots sur une partie cylindrique représentant le fuselage d’une navette. Nous avons mis un certain temps à comprendre que le cyclo ne remplissait pas tout le mur, mais que d’énormes panneaux d’écrans LED rectangulaires étaient placés à des degrés de rotation différents les uns des autres pour créer un effet circulaire. Le vide entre les écrans était rempli dans un premier temps par une lumière bleutée sur de la fumée qui peuplait l’espace backstage. Ensuite des rampes verticales se sont dévoilées. Elles comportaient leur lot d’artifices et de lumières. Les écrans LED occupant tout de même une large partie du mur derrière la scène, il devait manquer un peu de place pour y suspendre toutes les rampes de lumières que souhaitaient les créateurs du show. C’est ainsi qu’ils ont ajouté 4 rampes horizontales suspendues sur les côtés de l’avant-scène, qui supportaient 8 étoiles de lumières apportant un aspect circulaire lors de leur robotisation, 4 lasers en plus des 18 positionnés sur le mur, et des machines à fumée colorée.
La scène du DJ au pied du mur prenait des allures de tableau de commande. On retrouvait 4 autres petites scènes servant de podium pour les prestations très régulières des performeuses. Ces petites scènes imitaient la première dans l’esprit de répliques liées au concept des dimensions.
Plus au-devant encore, de puissants lance-flammes utilisés en abondance toute la soirée. De même que des canons à confettis et à serpentins. C’était une soirée où l’augmentation du prix du billet s’est à notre sens ressenti dans l’utilisation répétitive de la pyrotechnie. La grande nouveauté résidait dans les gerbes d’étincelles qui étaient étagées sur plusieurs niveaux du mur et qui étaient capables de s’allumer et s’éteindre en un clin d’œil au rythme de la musique. Imaginez donc lors des moments forts de la soirée l’orgie visuelle que procurait l’allumage de tous ces effets en même temps !
N’oublions pas le plafond de la salle avec les blinders accrochés sur toute la surface et de nombreux projecteurs créant des effets de balayages verticaux et horizontaux présents depuis 2016.
Côté son, l’event faisait appel comme à son habitude au Funktion-One Vero, l’un des meilleurs sound systems au monde. Hormis un endroit sur le côté gauche en hauteur où l’acoustique laissait apparaître un trou, nous avons entendu partout ailleurs un son puissant et clair, malgré des décibels très élevés. Le lieu est propice à une bonne acoustique, preuve en est le compositeur de musiques de films Hanz Zimmer avait retenu l’O2 Arena pour y enregistrer son DVD live.
La programmation
Un défaut majeur de cette année résidait dans l’ordre de la timetable.
Après l’habituel et sympathique warm-up de Thomas Coastline, place à la toujours saisissante intro du show avec notamment l’ouverture des sas sur les écrans LED. Et puis derrière, bam ! C’était Darren Porter qui envoyait du lourd. Vous avez bien lu, de l’uplifting dès l’ouverture. Certes le set était diablement efficace et il a fait danser du monde dès le début, mais c’était redoutable car derrière il restait 6 sets. Nous-mêmes en avons fait les frais ; sur la piste nous avons été pris par l’irrémédiable envie de nous trémousser. Mais la conséquence fut la perte du capital d’autonomie physique restante après une journée à arpenter les pavés de la ville après un long voyage en voiture et avion.
Suite à ce démarrage sur les chapeaux de roues on est retombés légèrement en terme de tempo. Giuseppe Ottaviani a mis du bon et du moins bon avec un passage Tech qu’il affectionne en ce moment. Le rythme s’en est trouvé cassé car pas dans la suite logique de Porter, ce qui nous a permis de prendre quelques bières à 3 €, un prix qui reste abordable pour un concert vous en conviendrez. Il est une question qu’on se pose en voyant les derniers sets du DJ italien : pourquoi continue-t-il à nous faire avaler des couleuvres avec la mention « live » ? Ottaviani fait semblant de jouer, et c’est assez irritant de voir qu’il pense nous faire croire qu’il tape sur son clavier en live alors qu’il se penche pour parler à quelqu’un sans que les notes ne se décalent d’une milliseconde. Malgré tout nous avons bien vécu l’ensemble de son set jusqu’à une petite déception finale puisqu’il n’a pas joué l’immense Till the sunrise comme il le fait souvent. Cela dit il fallait s’y attendre, il l’a remplacé par l’anthem du festival, « Another Dimension », avec la présence du co-auteur du titre, Driftmoon. Cette année donc, pour la première fois, l’anthem maker historique Markus Schulz n’était pas présent et c’est le DJ tchèque et son acolyte italien qui ont composé l’hymne de l’édition.
Le moment que nous attendions le plus est arrivé : le set de Ferry Corsten sous l’alias System F. Après avoir fait revivre Gouryella il y a quelques années, le DJ néerlandais s’est mis en tête en 2019 de faire des sets de ses prods réalisées sous le sobriquet System F. Le mix s’est ouvert sur une rythmique laissant place à une version acoustique de Out of the blue. Superbe, pourtant il y a eu un aléa et Corsten a dû recommencer ces quelques minutes de musiques depuis le début. Mais il en fallait plus pour démotiver les fans de Classic Trance en liesse. L’ambiance est montée très haut pour les 3 derniers titres : Solstice, Adagio For Strings (version inédite de son Ferry Corsten remix) et l’originale de Out of the blue. Grande ovation à la fin.
MaRLo s’est emparé des platines et nous n’avons pas aimé son set plus que ça. Beaucoup de morceaux coupés et envoyés à la chaîne, beaucoup de samples de classics certes, mais avec un assemblage de musiques trop sec à notre goût avec quelques titres à lui mais pas nos préférés car pas suffisamment mélodieux. Nous aurions préféré un Tech Energy set. Il faut le dire nous avons décroché à ce moment et en avons profité pour nous restaurer. 10 € pour une part de pizza et une part de frites qui ne nous ont pas donné l’impression de nous voler et nous ont calé pour toute la soirée.
Cosmic Gate a fait honneur au thème spatial par sa présence. Le duo a produit une presta bien plaisante mais que nous connaissions pour l’avoir entendue à Tomorrowland (streaming) et Nature One (en live). Il est toujours bon d’entendre des vieux morceaux et d’autres issus de leur album néo-classique Forward ever Backward never. Clairement ce set aurait dû être programmé en début de soirée et il paraissait ici un peu mou, avec si peu de lasers, surtout après le Transmix, ce moment sans DJ avec un mix de 15mn préenregistré qui a fait la part (un peu trop) belle aux titres d’Ottaviani et à d’autres tubes animés par des programmes informatisés de lasers et lights.
Le duo John O’Callaghan et Bryan Kearney réunis sous le groupe Key4050 ont envoyé un set semblable à leur prestation de Tomorrowland, avec beaucoup d’IDs par rapport aux tracks de leur album. Ils ont commencé par une bombe uplift inédite avec la chanteuse Plumb. Puis le style s’est globalement tourné vers de la Tech Trance, permettant aux lasers de s’en donner à cœur joie. Nous avons eu du mal à rester 1H15 dans le move car il nous manquait de la mélodie pour vibrer à l’unisson.
L’une des meilleures surprises était la présence du DJ Blastoyz, valeur montante de la scène Psy Trance. Gros show et bonne playlist pour le set final de la soirée. De la Psy ni trop commerciale, ni trop âpre. Et la découverte de l’énorme remix de Man on the run par WHITENO1SE& System Nipel. Nous avons aussi pu profiter d’un remix de Back to earth d’Yves Deruyter, et de samples de Coldplay.
Comme à leur habitude sur Transmission, les VJ’s de Vision Impossible ont lâché les chevaux pour la clôture et on a eu droit à des pluies de lasers et de lights tournoyants sur un dancefloor libéré d’une partie du public qui avait pris les premiers métros.
Transmission : next level
Notre ressenti sur cette dernière mouture de la Transmission Festival est très positif. Nous avons constaté une amélioration notable de l’organisation, et surtout un décor qui évolue toujours vers du plus grand. Les écrans LED augmentent chaque année mais sans condamner la présence des lumières et des lasers, qui étaient plus nombreux que jamais.
Les lasers nous ont encore bluffés ainsi que les différentes programmations de lumières automatisées laissant place à un nombre incroyable de configurations visuelles.
Les sets étaient moins bons après System F. Un sentiment sans doute induit par un mauvais ordre de la timetable, principal défaut de cette année.
La Transmission voit toujours plus haut et plus grand alors nous nous prenons à rêver d’un jour où les hologrammes arriveront à l’O2 Arena. Avec la technologie déjà déployée, le rêve atteindrait un nouveau niveau jamais vu et nous enverrait directement dans une autre dimension.
Silvère LOUIS