C’était LE rendez-vous de la Trance en Europe pour l’année 2021. Suite aux reports de nombreux events dus au Covid-19, le festival tchèque avait décidé de ne pas ajourner une nouvelle fois son édition initialement prévue en 2019. Deux sessions live avaient été diffusées sur les réseaux sociaux pendant cet entre-deux, en présence des DJ’s du line up qui n’a pas bougé depuis. Inutile de vous dire la joie de participer à nouveau à un concert estampillé Trance, et pas des moindres. Pour rappel Transmission Festival est l’event Trance avec le plus gros lightshow en Europe, et peut-être même au monde dans sa catégorie. Depuis plusieurs années le concept a été exporté dans d’autres régions du globe tant sa notoriété s’est faite grandissante notamment en matière de laser show.
Whitout the mask
Il fallait montrer patte blanche pour pousser les portes de l’O2 Arena de Prague. Comme dans beaucoup de lieux maintenant, une preuve de vaccination Covid-19, un test négatif ou une preuve de rémission étaient demandés. Pourtant ironiquement certains agents de sécurité ne portaient pas de masque à l’entrée, ou le portaient mal. Une fois le ticket scanné et parvenu dans le hall, on découvrait alors que personne ne portait de masque, personnel comme festivaliers ; un comble pour un événement portant le nom de Behind the mask alors que dans le règlement il était demandé de porter un nano ou FFP2. Du reste, l’organisation était sans faille d’après notre expérience. Des lockers se trouvaient au premier étage pour les billets Regular et des vestiaires pour les porteurs de billets VIP étaient situés directement derrière les gradins au rez-de-chaussée. Les Regular avaient accès à la fosse et aux gradins sur les côtés avec les virages. Les VIP disposaient quant eux d’un bracelet qui leur permettait d’accéder, en plus des lieux cités avant, à la quasi totalité du mur face à la scène, et à une terrasse pour danser, consommer et se reposer en gradins (VIP deck).
Niveau consommation, les prix pour manger étaient similaires à la plupart des festivals, et la bière demeurait la consommation la plus abordable (comme partout en République Tchéque) avec moins de 3 euros le demi.
Pour les billets, le tarif avoisinait les 55 € pour une place normale et 130 € pour un « VIP Goldfingers » (ce dernier nom étant le sponsor qui parrainait les VIP, notamment en mettant à disposition des Gogo-danseuses issues du night club du même nom).
Vu le contexte international à l’époque de la première mise en vente, les billets ont eu du mal à décoller et beaucoup de festivaliers se sont résignés à revendre le leur, ce qui fait que l’event n’était pas sold out et que les places se trouvaient en nombre sur Ticketswap à des prix parfois divisés par 2,5. Ajoutez à cela une jauge réduite et vous pouvez imaginer que l’espace était très aéré en bout de fosse ainsi qu’à certaines heures dans les gradins, ce qui rendait les déplacements fort agréables. On n’avait pas vu cela à Prague depuis 8 ans.
LED there be light
Comme à l’accoutumée, chaque DJ était relié à une thématique. On a pu voir les masques asiatiques, égyptiens, de la séduction, de l’avatar humain du futur, et masque de heu… Nous ne savons pas parce que sur RODG ça n’était pas très clair ! En fait ce thème des masques nous a un peu déçus car on s’attendait à du masque qui fait plus… masque quoi, et moins philosophique. Il y avait de quoi faire par exemple des masques folkloriques une apothéose de couleurs et ce ne fut pas trop le cas concernant les animations sur écran. D’autre part en rapport avec le thème choisi nous n’avons pas été convaincus par la forme des écrans qui représentait vaguement une pyramide. Un simple loup eût été plus évocateur. Cependant la taille n’eût probablement pas convenu pour occuper une grande surface alors que le parti pris de cette édition était d’occuper au maximum le mur du stage avec des écrans. On peut en effet concéder que si la forme en tant que telle était curieuse, c’est qu’elle a laissé de nombreuses possibilités en terme de show.
Commençons par dire que contrairement aux éditions précédentes, 10 écrans constituaient le visuel animé sur des plans différents, jouant avec la profondeur et le trompe l’oeil pour quiconque était situé en face. Bluffant. Ainsi 20 lasers, des lumières, des flammes de 3 mètres de hauteur et des gerbes d’étincelles ultra modulables en terme de programmation étaient installés dans les interstices des écrans.
A noter que la surface occupée par les screen LED a encore grimpé en mètres carrés, non loin d’atteindre la surface totale du mur de scène de l’Arena.
Sachant cela, on peut comprendre l’intelligent parti-pris d’une telle disposition, optimisant la cohabitation entre écrans, effets lumineux, pyrotechnie, DJ booth et scènes latérales pour les danseuses.
On ne change pas une recette qui marche pour désengorger le mur de la scène : les rampes suspendues utilisées la fois dernière pour y fixer des machines à fumée colorée et des puissantes lights ont été reprises, mais cette fois le nombre a été multiplié par 2. On avait donc 2 rampes en bord de scène, 2 en milieu de fosse, et 2 au niveau du VIP deck.
Niveau son, la Transmission est connue pour utiliser la technologie Funktion One Vero. Un sound system qui envoie du lourd, détectable au fond en gradins comme toujours dû à la portance des basses, et qui procure de la clarté en fosse dans les aigus, sans saturation. Le reproche reste le même dans l’O2 Arena : une sorte de trou dans les fréquences en gradins en face, voire des déformations dans les mediums. Cet endroit est à privilégier pour le lightshow et la puissance des basses mais peut s’avérer déconcertant acoustiquement.
Les sets
Pour la première fois, un nouveau DJ a pris la place du résident historique des warm up de Transmission. Il s’agit de PROGGY BOY qui a succédé à THOMAS COASTLINE, décédé cette année d’un cancer contre lequel il se battait depuis de longues années.
RODG a entamé la soirée avec un démarrage forcément en douceur, lui qui est devenu un incontournable de la Trance Progressive en quelques années, avec quelques collaborations avec Anjunabeats et ABGT. Cela ne l’a pas empêché d’envoyer quelques morceaux plus péchus en fin de set, donnant le ton à cette soirée au rythme assez soutenu (uplifting, melodic, techno, psy…).
Pas de Transmix cette année et pour cause, 15 minutes étaient consacrées à un hommage au DJ tchèque Thomas Coastline, emporté par la maladie à l’âge de 36 ans début 2021. Ce tribute a eu lieu après RODG.
Curieuse timetable qui a fait passer JORN VAN DEYHOVEN ensuite déjà, lui qui donne dans l’uplift. Il n’a pas caché sa joie de remonter sur scène et l’a fait savoir, outre sa déclaration introductive, par une énergie et un plaisir musical tout au long de son set, que nous jugeons comme étant le plus abouti.
Il fallait s’en douter, GARETH EMERY qui passait après JvD c’était la casse du rythme. Malgré tout, ce ralentissement n’a finalement pas duré trop longtemps et l’on a senti qu’il désirait rapidement s’aligner sur l’ensemble des artistes de la soirée en proposant un tempo plus élevé et des titres plus nerveux, avec un peu de tech-trance et du hardstyle comme avant dernier titre ! Un set plaisant donc mais assez mainstream et pour l’homogénéité il faudra repasser.
Retour à la melodic et à l’uplifting trance avec PAUL VAN DYK qui affectionnait jouer les breaks musicaux. Il a commencé avec une somptueuse intro de son remix de Adagio for Strings par TALLA 2XLC enchaîné à du 138 BPM, lui qui est pourtant depuis plusieurs années un habitué des sets à BPM modérés. Dommage pour Music Rescue Me en version male vocal contrairement à la version classique. C’est son habitude depuis quelques années de diffuser en festival des versions différentes des originales. Nous trouvons ça plus platonique et ça décolle moins dans le lyrisme. Regret aussi pour juste les lyrics sans basses de I Don’t Deserve You, un titre que nous adorons dans sa version normale. En revanche ce fut un régal d’entendre son Shine remix de Café Del Mar. Il a aussi diffusé quelques autres de ses titres phares mais rapidement passés en revue dont Nothing But you et For An Angel.
MARKUS SCHULZ, le résident du festival Praguois (à une ou deux éditions près), s’est livré à un set dit « Rabbit Hole ». Entendez par là des sons sortis du terrier, ou plutôt des versions underground de titres célèbres. Véritable claque dans la pression acoustique de l’O2 Arena, nous nous sommes pris pendant 1h15 les basses ultra puissantes en pleine poire dans les gradins en face. Une expérience grisante qui n’a pas manqué de déchaîner la foule et la Schulz Army présente en nombre comme à son habitude dans le public tchèque et slovaque. L’artiste allemand est toujours sujet de débat ; ou plutôt non, on n’aime ou on n’aime pas. Pour notre part, nous avons trouvé l’expérience bien défouloir mais nous avons fini par nous lasser des titres orientés souvent Techno voire carrément Minimal avec des accord linéaires en dehors des breaks. Peut-être fût-ce aussi guidé par la fatigue et la faim qui nous ont poussé à aller prendre un menu à 15 € dans le couloir circulaire. Des beignets de poulet un peu trop épicés qui ne nous ont heureusement pas trop titillé les intestins pour profiter du reste de la soirée !
2 heures après un check donné à Fadi Wassef Naguib (ALY & FILA) vu dans le carré de la régie, ce fut un bonheur de le retrouver aux platines avec des titres de pure émotion, comme It’s All About The Melody joué en 2e position et plus loin un émouvant ID à la mélodie mélancolique et synthétique comme A & F en ont le secret. D’ailleurs le DJ cairois n’a pas manquer de diffuser son lot d’ID’s comme toujours. Dans les titres connus on a pu entendre deux (d)étonnants remixes : ANDAIN Beautiful Things (Billy Gillies rework) et DIDO Here With Me qui n’était pas le remix de Ciaran McAuley. Egalement entendu sa récente collab’ avec ARMIN VAN BUUREN (For All Time) que nous ne trouvons pas extraordinaire, et plus loin une fin de set plaisante avec l’un des tubes de ces dernières années, Somebody Loves You feat. Plumb.
WHITENO1SE faisait logiquement la clôture de soirée. Nous ne nous étalerons pas sur son set où il a fait ce qu’il sait faire de mieux : du neuf avec du vieux. A savoir des classic Trance à la sauce Psy Trance, et surtout sauce « dénature » pour de nombreux titres dont nous trouvons qu’il ne respecte pas l’esprit des mélodies et des accords originaux. Mention spéciale tout de même pour son excellent remix de Greece 2000 de THREE DRIVES.
To infinity and beyond
Même après une pause de 2 ans et un contexte tendu, la Transmission n’a pas perdu ce qui faisait d’elle un event majeur.
Nous avons senti que le public comme les artistes ont été particulièrement heureux de se retrouver après ce long stand-by dû à la crise sanitaire.
C’était une très bonne édition, pas la meilleure pour être honnête mais on sent que le show va toujours dans le sens de l’upgrade alors que le promoteur aurait pu se contenter de déployer un spectacle déjà vu.
Pour la fois suivante, peut-on penser à un évènement officiellement « without the mask » ? Peu importe, on pourra toujours compter sur la puissance de la Transmission pour nous faire oublier les soucis du quotidien et profiter à fond des plaisirs scéniques et musicaux.
Vivement le prochain show ! Transmission : toujours plus haut, toujours plus fort !